Câblé, de John Williams – La bible du Rigger

Le Rigger…

Ce personnage mystérieux de Shadowrun qui fusionne avec son véhicule grâce au câblage de contrôle de véhicule, et qui, armé de sa console de contrôle, se transforme en nuée de drones… Il est souvent cantonné par les joueurs au rôle de taxi pour l’équipe ou de support lourd avec son drone de combat. Et pourtant…

La sortie de À tombeau ouvert en Vf, premier supplément pour les riggers traduit dans la langue de Molière toutes éditions confondues et en format papier, est l’occasion de mettre en avant un des romans fondateurs de ce style de personnages. Paru en 1986, 2 ans après Neuromancien de William Gibson : Câblé (Hardwired en anglais) de Walter Jon Williams.

Le roman en lui-même est devenu difficile à trouver, mais la compilation Câblé+ nous sauve la mise avec un autre roman (suite de Câblé) et deux nouvelles en bonus. Le livre est disponible en librairie. Ce roman, paru en pleine naissance du genre littéraire cyberpunk.

Attention : toute lecture de Câblé vous conduira immanquablement à vouloir jouer un rigger dans Shadowrun. Vous êtes prévenus !!!

Câblé - Couverture originale vf
Câblé - Couverture originale vf
Câblé +
Câblé + - Walter Jon Williams - Cycle complet avec deux romans et deux nouvelles

« Etes-vous câblé ? Comme Cow-boy, l’ancien pilote de chasse aux yeux sensibles aux infrarouges ; comme Sara toujours prête à se débarrasser de ses ennemis en utilisant le cybercobra lové dans sa gorge ; comme Reno, décédé mais toujours vivant dans l’Interface ? Si ce n’est pas le cas, comment espérez-vous survivre à la menace que représentent les orbitaux ? »

Câblé : la bible du rigger

Câblé : des concepts novateurs

Dans Câblé, Walter Jon Williams pose un certain nombre de concepts que nous retrouvons dans Shadowrun :

Tout d’abord, il aborde la connexion neurale homme-véhicule d’une façon novatrice pour l’époque, mettant en scène un cyberware capable de faire du véhicule une extension du corps du pilote : aucun doute, nous avons là la base de l’interface véhicule de Shadowrun (mais aussi du jeu Cyberpunk). Mais plus que de simplement imaginer cette technologie, il lui donne une réalité et une saveur sans égale.

Que se passe-t-il quand le rigger se branche à son véhicule ? Ça pourrait être ça : « Les neurotransmetteurs réveillent les cinq broches dans sa tête et Cow-boy voit l’intérieur de son crâne flamboyer d’une lueur incandescente : les matrices de données à cristaux liquides du panzer qui se calquent sur la configuration de son esprit. Son cœur bat plus vite ; il vit de nouveau dans l’interface, l’interactif, son esprit dopé cavalant comme les électrons à travers les circuits, dans le cœur de métal et de cristal de la machine. Son champ visuel s’étend autour du panzer sur 360 degrés, sans parler des autres tableaux de son étrange espace mental qui lui affichent l’état du moniteur et des systèmes du panzer. Il opère une vérification des systèmes, puis de l’ordinateur et de l’armement, voit les longues rangées de témoins s’illuminer tous en vert. Ses perceptions physiques ne sont désormais plus en trois dimensions : les écrans se superposent et s’entremêlent au gré de leurs entrées et sorties de l’interface, reflétant la réalité subatomique des circuits électroniques et des données, en l’occurrence le crépuscule qui tombe au-dehors. »

Ensuite, il apporte sa pierre à la diversification du cyberware mis en avant dans Neuromancien : les yeux cybers sont omniprésents, les nerfs câblés (réflexes câblés) existent, mais il développe aussi du cyberware cosmétique, comme les cheveux d’Arkady, et de l’armement cyberimplanté (cf. ci-dessous, la galerie de personnages).

Enfin, Walter Jon Williams donne vie au concept de panzerboy, que nous retrouvons à Shadowrun particulièrement autour de Denver. Ces pilotes rebelles sont les rois de la contrebande et leur code de l’honneur fleure bon le western et la liberté, même si la réalité est nettement plus vénale.

Une ambiance

Câblé, c’est aussi et surtout une ambiance et un ton particuliers.

Un des grands plaisirs de lecture lors des premières pages vient du soin apporté aux personnages, avec en particulier la large quantité de détails sur la cybernétique et le ressenti des personnages lorsqu’ils l’utilisent. Les yeux de Cow-boy et leurs options sont ainsi régulièrement évoqués dans le roman, mais pas que. La fouine, l’arme cyberimplantée de Sarah, est présentée à de nombreuses reprises, avec à chaque fois de nouveaux détails et usages possibles.

D’une façon générale, le roman est ancré dans la société des années 80 qui a vu la naissance du genre littéraire dit cyberpunk, mais aussi l’apparition du phénomène des marques et le matérialisme grimpant, ainsi que le développement nouveau de la notion de cybernétique. Le livre contient de nombreuses mentions à ces marques brandies comme des icônes.

Les personnages iconiques du roman

Un grande partie de la saveur du roman vient de ses personnages principaux, hauts en nuances…

Cow-boy, le rigger

Le personnage Cow-boy est un rigger, sans doute un des premiers personnages interfacés décrit dans un roman (j’aurais bien dit le premier, mais ma connaissance en la matière est trop fragmentaire pour l’affirmer). Le roman pose aussi dès la première page la notion de panzerboy, même si son panzer Maserati est technologiquement un cran en dessous de ce que Shadowrun propose : il s’agit d’un véhicule tout terrain sur coussin d’air, le prédécesseur du fameux GMC Banshee.

Ses cheveux blonds sont coupés ras. Son crâne porte cinq broches décorées de câbles d’argent et de puces turquoises, pour se brancher directement les périphériques sur le cerveau.

C’est aujourd’hui un panzerboy vivant de la contrebande. Il a sa Maserati, un jet privé, mais aussi trois deltas démodés que les cavaliers de l’interface pilotaient avant l’avènement des panzers.

Sarah, garde du corps ou tueuse ?

Sarah a un corps entièrement remodelé, mais elle a gardé les cicatrices de son enfance : un visage pâle, acéré, aux yeux cernés de noir, des cheveux presque noir coupés court sur le côté et crêpés sur le dessus avec deux fines nattes qui tombent dans le dos, de large épaules.

Elle a un émetteur-récepteur greffé sur le nerf auditif, et un syntoniseur vidéo raccordé aux nerfs optiques du cerveau antérieur. Elle s’est aussi câblé les nerfs. Enfin, elle est dotée d’un système d’armement cybernétique très particulier et sale… un cybercobra qu’elle surnomme la Fouine.

Cette ex prostituée, élevée par un père violent à la mort de sa mère, s’est élevé dans les rues, passant de proie à chasseur.

« Elle, elle chasse, et la Fouine, c’est le nom de son amie. »

Si vous voulez donner du corps au trait personnage à charge du livre de base, vous pouvez facilement vous inspirer de sa relation avec son frère Daud basée sur un mélange d’amour et de culpabilité.

Maurice, le patron du bar à pilotes le
Foulard bleu

« Cet ancien chasseur du nom de Maurice, est un Antillais aux yeux Zeiss, l’ancien modèle, qui s’est retrouvé du mauvais côté lors de la guerre des Rocs. Il a des connecteurs de puces aux chevilles et aux poignets, comme en portaient les militaires à l’époque. »

Il est le patron du bar le Foulard bleu, qui fleure bon la nostalgie et pourrait très bien se trouver quelque part dans les CAS de Shadowrun. « Il y a sur les murs du bar des portraits de ses amis et héros ; tous ont au cou l’écharpe de soie bleu azur de l’élite du corps de défense de l’espace. La plupart portent un crête de deuil noir qui vire au pourpre avec les ans. »

Arkady, le Johnson

Arkady Mikhaïlovitch Dragunov est un mélange de Johnson et d’arrangeur de haute influence.
Et il a le style et l’arrogance qui vont avec :
« Arkady porte une chemise à col ouvert en soie mauve pâle, avec des manches gigot si larges qu’elles semblent trainer dans la poussière ; une large ceinture brodée géorgienne nouée deux fois autour du pantalon ; et des bottes de cosaque étroites, astiquées, dans lesquelles entre un pantalon noir encore plus étroit, avec des broderies le long de la couture; A intervalles réguliers, ses cheveux se hérissent et crépitent de décharges statiques , d’une couleur différente à chaque fois. Le dernier cri des boutiques havanaises de la Zone Libre de Floride. (…) Arkady est un gros type brusque, qui aime bien étreindre et toucher les gens à qui il parle ; mais il a le cœur comme un circuit supraconducteur et des yeux à l’avenant, et ce serait idiot de le considérer comme un ami. »

Vous l’aurez compris, c’est un parfait fils de pute…

Morphée The Joker

Sysop derrière le retour de Shadowrun-jdr.fr

3 réflexions sur “Câblé, de John Williams – La bible du Rigger

  • 18 juin 2023 à 1 h 20 min
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    Mais ou peut on le trouver? Si vous avez des informations je suis preneur. Après votre article je dois lire ce Roman.

    Merci.

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    • 18 juin 2023 à 15 h 00 min
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      Heureux de voir que l’article vous a donné des envies de lecture !!!

      Mon dealer de livre local peut le trouver, mais c’est sur commande.
      Les corpos AAA de la vente en ligne l’ont aussi.
      Par contre, il faut rechercher la compilation Câblé +.

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    • 2 juillet 2023 à 14 h 53 min
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      Malheureusement, la dernière édition du roman, paru chez Denoël en 2004 sous le titre de Câblé +, est épuisée. Elle contient aussi sa suite et 2 nouvelles sur le même thème. Pas sûr que tu puisse la trouver à un prix raisonnable.
      Quant aux autres précédentes éditions (chez Denoël toujours), elles ne seront pas plus faciles à obtenir. Mais en cherchant bien, c’est sûrement possible d’en dégoter.

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